avant-première : Bons Baisers de Bruges
Attention l’affiche peut-être trompeuse, avec un Colin Farrell l’arme à la main et une tagline aguicheuse, on aurait pu croire que Bons Baisers de Bruges ne soit qu’un énième polar d’action de plus. Détrompez-vous, le film s’avère être un véritable petit bijou de cinéma décalé, à déguster sans tarder comme des friandises des plus grands maîtres chocolatiers de la ville du titre. Ray et Ken sont deux tueurs à gage irlandais qui, après une mission plus que ratée et au dénouement dramatique, sont contraints de se faire oublier à Bruges. Quand l’un (Brendan Gleeson) en profite pour assouvir sa soif de culture et jouer les touristes, l’autre (Colin Farrell) lutte pour ne pas sombrer dans la folie tant cette ville l’ennuie et le rend malade. Réalisé par un cinéaste issu du monde du théâtre, l’une des grandes forces du film réside dans les dialogues exquis, flirtant avec le politiquement incorrect et l’humour noir, qui arrachent des fous rires inattendus. Ça parle d’américains obèses, de nains cocaïnomane et racistes etc… mais c’est fait avec une classe et un charme particulier qui font que ça fait mouche à chaque fois.
Le film foisonne d’idées fabuleuses et de scènes hilarantes, choquantes, dramatiques mais aussi burlesques. Les personnages sont diablement attachants et parfaitement développés. Colin Farrell trouve ici son meilleur rôle, incontestablement, à la fois brut de décoffrage (irlandais oblige) et fragile, il fait passer une palette d’émotions inattendue à travers son regard très expressif. De plus, l’alchimie entre son personnage et celui interprété par Brendan Gleeson est des plus touchante. Ralph Fiennes, qui n’arrive qu’après la moitié du film, marque tout de même les esprits de son flegme britannique et des répliques cinglantes. Seule la française Clémence Poésy n’arrive pas à tirer son épingle du jeu et son amourette avec Colin Farrell ne fait pas d’étincelles (hormis une fabuleuse scène dans un restaurant). Le rythme du long-métrage souffre de quelques baisses de régime, mais dans l’ensemble, cette visite de Bruges en si bonne compagnie, ne se refuse pas. A voir absolument.