avant-première : There Will Be Blood
Chaque film de Paul Thomas Anderson est attendu comme un événement sans précédent. Après des perles telles que Magnolia ou Boogie Nights, le réalisateur place à chaque fois la barre très haut. Avec There Will Be Blood, le cinéaste prodige signe un chef d’œuvre cinématographique qui s’inscrit sans peine dans la lignée des classiques du 7ème art.
Daniel Day Lewis, qui se fait aussi très rare à l’écran, est au sommet de son art. Méconnaissable, il incarne Daniel Plainview, un modeste minier qui fera fortune en devant prospecteur grâce à l’or noir qui coule sous le sol américain. Son ascension est prétexte à une réflexion percutante sur les effets de la quête de l’argent à tout prix et de son pouvoir. L’interprétation de Daniel Day Lewis, magistrale, souligne à la perfection, sans mimiques ni cabotinages mais tout en nuances, les signes d’une métamorphose subtile. D’un homme parent aimant, le protagoniste devient crescendo un monstre détruisant tous les liens sociaux (jusqu’à ceux le liant à son fils adoptif) et clamant sa haine pour le genre humain (ce qui n’est pas sans rappeler Citizen Kane). Face à lui, le thème de la religion est représenté par le personnage d’Eli Sunday, un jeune prédicateur aux intentions mystérieuses. Il est incarné par Paul Dano, révélé dans le rôle de l’ado rebelle de Little Miss Sunshine, aux épaules solides pour faire face à Day Lewis. Leurs rencontres sont d’ailleurs le fruit d’un lot de scènes mémorables et intenses, dont l’épilogue final, violent et perturbant.
Le rythme du film prend volontairement son temps, comme pour mieux admirer chaque plan qui sont dignes des plus belles toiles de maître. La photographie, maculée de pétrole et oscillant entres ombres et flammes, sublime les paysages arides du Texas. La mise en scène est virtuose, comme toujours avec P.T Anderson. S’étalant sur près de trois heures, le film réserve toujours son lot de surprises et de scènes hallucinantes, à l’image de l’incendie du derrick de toute beauté. Le tout est accompagnée de la musique frissonnante et nerveuse de Johnny Greenwood, très inspiré par les thèmes et les lieux du film.
Fort d’un casting impeccable, une réalisation sans faille et d’une photographie magnifique, There Will Be Blood est sans aucun doute possible, un chef-d’œuvre. Le mot a été pas mal galvaudé ces derniers temps, mais on ne peut penser à meilleur film digne de ce statut. Un film à voir, à digérer et à revoir pour mieux apprécier les prouesses du cinéaste et de ses acteurs. A ne manquer sous aucun prétexte !